Mot du président

En empruntant quelques idées, je dis que l'escalade, l'alpinisme, la randonnée et les sports de montagne en général, à première vue, peuvent être considérés comme une suite logique : nous partons d'un endroit, du pied de la montagne ou du bas de la voie, du haut des pistes, etc... et nous devons rejoindre un autre endroit, souvent un sommet, le relais en grimpant sur la paroi jusqu'en haut, le bas dans certaine pratique. L'escalade en salle : nous suivons notre couleur de voie et nous montons le plus haut possible. Aussi simple que çà ! Enfin, peut-être pas! Et si notre imagination, notre intuition, nos émotions étaient nos meilleures alliées ? Dans la vie, comme en escalade et en montagne, la ligne droite est rarement le chemin le plus riche…La logique vous mènera du point A au point B. L'imagination vous mènera partout.

Pour ne parler que de l'escalade, mon domaine de prédilection, Adam Ondra disait « Grimpez comme vous le sentez ! Lorsqu'une personne, qui n'a jamais grimpé, rentre pour la première fois dans une salle d'escalade, il est intéressant de voir que celle-ci va s'amuser à prendre toutes les prises qui lui semblent bien pour elle et grimper ainsi jusqu'en haut de la voie. Dès que nous franchissons le pas d'être « grimpeur », nous nous rendons compte que l'escalade est régie par des codes, des règles, des prises à prendre ou ne pas prendre, voire même par des mouvements, quelquefois « obligatoires » selon les ouvertures de voies/blocs. Il y a alors un chemin tout tracé à suivre. Certes, tout cela est normé, mais nous pouvons retrouver une certaine imagination dans les gestes pour réussir une voie. En prenant confiance et en s'habituant aux sensations, nous commençons à faire d'autres mouvements auxquels nous ne pensions pas forcément. La logique, l'intuition et l'imagination sont alors des atouts, à la fois paradoxaux mais également en harmonie.

C'est encore plus vrai en falaise, comme dans la vie, nous pouvons encore plus facilement naviguer d'un point A à un point B par des chemins détournés. Une sorte d'école buissonnière, riche d'apprentissages et d'expériences, propres à nous-mêmes. Le voyage est toujours plus riche quand il ne suit pas tout le temps les traces laissées par d'autres ou le « but » qui était fixé.

L'escalade, l'alpinisme et même la randonnée imposent, quelques fois et selon le degré de difficulté, certains passages obligés ou mouvements « obligatoires ». Mais la richesse du rocher, de la montagne et plus généralement de la nature, permet de trouver son propre passage, ses propres mains et pieds avec plus ou moins de contraintes en fonction de l'anatomie du terrain… Lorsque nous observons les différents styles, nous pouvons remarquer que chaque personne possède son propre style selon sa morphologie, sa force, sa souplesse, son niveau, son vécu, ses qualités, ses défauts. On retrouve la joie de notre enfant intérieur, de grimper, de skier, de voler ou encore de marcher sans contrainte, en prenant les prises ou les chemins qui nous semblent adaptés. Il ne reste alors que le plaisir de cette méditation en mouvement, cette concentration à vouloir avancer ou monter le plus haut, non par vanité mais par jeu.

La progression est un sujet qui frustre beaucoup. Les sports de montagne sont des sports où il est rare d'avoir une progression continue. Nous nous arrêtons quelques temps et nous avons l'impression d'avoir « régressé » … Oui mais… nous nous sommes enrichis d'autres expériences qui nous aideront peut-être même à mieux pratiquer, ou en tout cas à mieux apprécier la vie et ce qu'elle nous offre ! Voilà pourquoi, la montagne, ses sommets, ses parois, nous apprennent aussi à mieux gérer nos frustrations dans la vie de tous les jours, à vivre dans l'instant présent, à savoir renoncer, à savoir recommencer. A faire du mieux que nous pouvons, avec plaisir, à un instant. Et qu'importe le chemin pris. Il faut juste apprendre à trouver d'autres voies, d'autres passages sinueux, peut-être pour aller jusqu'au point B, ou pas…, mais peut-être jusqu'au point C, D ou plus… Finalement, notre seule limite est celle de notre imagination, de notre intuition, de nos émotions et de notre acuité à saisir ce qui s'offre à nous !

Les murs, les montagnes, les falaises, ça n'effraie que ceux qui restent plantés devant. Même si on s‘écorche un peu en grimpant, même si on fatigue, même si on retombe…. On se repose, on attend que le souffle revienne pour la prochaine fois. Mais ne rien entreprendre parce que cela semble trop haut ou trop long, se dire qu'on y arrivera pas, c'est renoncer sans même essayer, et fuir.

La montagne nous offre le décor, à nous d'inventer l'histoire qui va avec.

Alors fort d'un héritage riche de la FFCAM et de pratiquants engagés, et bien c'est tout ça qu'on s'efforce de transmettre à nos jeunes (et moins jeunes). C'est notre truc à nous au CAF du Bessillon. Et c'est dans vos yeux émerveillés, remplis de confiance, de satisfaction, de valeurs humaines, que l'on puise notre énergie.

Alors oui le CAF du Bessillon c'est pour tous. Jeunes et moins jeunes ; blanc, noirs, jaunes, valides, non valides et j'en passe. Oui le CAF du Bessillon c'est transmettre. Oui le CAF du Bessillon c'est l'autonomie, la sécurité, le respect de notre terre, mais aussi la fraternité. Oui le CAF du Bessillon c'est partager. Et oui le CAF du Bessillon c'est une école de la vie, où tous ensemble nous pouvons sortir des sentiers battus. Et parce que seul nous n'avons pas de baguette magique ; la réussite et l'épanouissement sont avant tout collectifs.

Donc merci à toute l'équipe et aux bénévoles qui œuvrent avec passion. . Merci aux structures qui répondent présents et nous accompagnent. Et merci à vous de faire vivre notre club.

Ayez envie ! Envie de vivre la montagne, de pratiquer, de partager, de sortir, de découvrir, de se découvrir, de se dépasser, de profiter, de progresser et bien d'autres... Rejoignez nous !